dimanche 22 mai 2011

Les technologies d'information sont-elles déterminantes dans le développement de nos sociétés ?

Parler de technologies de l’information dans le contexte actuel, c’est évoquer par exemple la radio, la télévision, la téléphonie, l’Internet, les réseaux sociaux et bien d’autres médias grâce auxquels l’information circule dans le monde. Nous pouvons affirmer d’emblée que les technologies de l’information ont joué un rôle déterminant dans le développement de nos sociétés et cela depuis toujours.
Des besoins fondamentaux : le savoir et la communication. Le besoin d’information et de communication étant vital, les hommes, à chaque époque, ont mis en œuvre des techniques aux fins de communication, défiant le temps et l’espace. Les moyens primaires dont l’homme disposait, c’est-à-dire le parler, le gestuel et les signes, lui ont permis d’évoluer dans son milieu, mais il ne s’en est pas contenté. La quête progressive d’autres moyens a contribué à améliorer ses conditions de vie. C’est ainsi qu’avec l’émergence de ces technologies, «Le bouche à oreille [a cédé] la place à des canaux de transmission plus sûrs tels que les documents écrits.»(Lazard, 1992 : 92)
La révolution de l’imprimerie. L’invention de l’imprimerie par Gutenberg vers les années 1440 a été capitale pour le progrès de la civilisation. Elle a permis la multiplication des œuvres et des messages de l’homme. Elle a permis non seulement une plus grande accessibilité aux savoirs qui étaient l’apanage d’une élite, mais aussi un changement dans le processus de l’apprentissage, de la pensée et de la perception.
Le miracle de l’Internet, le grand challengeur de l’espace et du temps. Grâce à Internet et aux réseaux sociaux, pour ne citer que cela, le monde est devenu un «village global» dans lequel presque tout est à portée de tous. Comme le souligne Castells Manuel (2002 : p11), «Internet marque un des tournants les plus importants depuis l’apparition de l’imprimerie en ce qui touche le partage de l’information et la démocratisation des connaissances». Comment pourrait-on accéder aux événements quotidiens, de façon ininterrompue et instantanée sans l’apport des technologies de l’information ? Comment pourrait-on savoir ce qui se passe à dix mille lieues de chez soi si ces technologies n’avaient pas existé ? C’est à juste titre que l’on a attribué le succès de la «révolution du jasmin» en Tunisie à l’action des réseaux sociaux. «Les réseaux sociaux ont été une pièce maîtresse de cette révolution», écrit Élodie Auffray, journaliste de Libération.
Les technologies d'information sont-elles déterminantes dans le développement de nos sociétés ? Oui, à commencer par celui de l’individu ! Cela est si évident que nous citerons en exemple ce cours de «communication et changements technologiques» que nous suivons à distance. Grâce au savoir-faire technologique, des cours sont mis en ligne, au grand bonheur des étudiants et des enseignants. Voici un témoignage qu’une collègue étudiante a pu écrire sur le babillard du présent cours : « Je suis étudiante en Communication Publique, 2e année du premier cycle. Je suis présentement en session à l'étranger en Belgique, c'est pourquoi un cours totalement par Internet est très utile !» De plus en plus les classes et les écoles virtuelles se multiplient.
Voici une petite vidéo qui illustre bien nos propos sur ce que sont les télécentres et les cybercafés pour différentes catégories sociales.

L’impact du téléphone cellulaire. Dans plusieurs pays africains, l’arrivée de la téléphonie mobile a été un véritable catalyseur dans le décollage économique. Que l’on prenne pour preuve, le foisonnement de télécentres dans les grandes villes et même jusque dans les confins parfois inaccessibles des campagnes. Quoi de plus salutaire pour des populations aux traditions orales ! Les télécentres ont été de véritables machines à sous pour leurs opérateurs. Avec les téléphones cellulaires, ils ont libéré un certain savoir que rendaient inaccessible les livres et les journaux. Maintenant, grâce aux «portables» la parole se partage à distance et à tout instant, même s'il faut parfois grimper au faîte d'un arbre pour «capter le réseau». Chez les Dagara, une ethnie du Sud-Ouest du Burkina Faso, l'annonce de certains événements importants de la vie sociale tels que les mariages et les funérailles se faisait de bouche à oreille, de porte-à-porte. Les messagers qui étaient ainsi envoyés, parcouraient les villages à pied ou à vélo pour accomplir leur mission à laquelle ils ne devaient pas se dérober. Avec l'avènement du téléphone portable, les distances sont réduites et les nouvelles sont vite répandues.

«Des bergers au Sénégal utilisent des téléphones cellulaires et un système mondial de localisation afin de repérer leurs bêtes égarées. De petites entreprises touristiques des townships d’Afrique du Sud attirent des clients du monde entier au moyen de l’Internet. Des gardes forestiers au Mozambique ont recours à la radiotransmission à haute fréquence pour freiner le braconnage. Sur l’ensemble du continent africain, les collectivités mettent les technologies de l’information et de la communication (TIC) au service de leur développement social et économique.» (source : CRDI)

La question du déterminisme technologique. Parmi les nombreuses recherches menées dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) vers les années 1950, les théories sur les effets des médias introduisaient déjà les débats sur le déterminisme technologique. Pour certains théoriciens, les médias auraient des effets sur le public. Ainsi, dans sa formule célèbre, «qui fait quoi, par quel canal, avec qui, avec quel effet», Lasswell mettait l’accent sur le dernier aspect, c'est-à-dire, les effets des médias. Mais McLuhan fut le plus remarquable par ses analyses. «Le médium est le message», disait-il. Et si le message a pour but entre autres choses, de modifier les comportements, alors le médium, à travers ses multiples facettes technologiques, viserait les mêmes objectifs. Mais c’est surtout à travers l’analyse qu’il a faite de l’évolution des médias que McLuhan a révélé sa pensée, résumée en ces termes par Gaëtan Tremblay (2008) : «L’évolution des médias constitue le facteur explicatif principal, déterminant de l’histoire humaine, que McLuhan divise en trois grandes périodes selon le média qui y domine : la civilisation de l’oralité, la civilisation de l’imprimerie (la galaxie Gutenberg) et la civilisation de l’électricité (la galaxie Marconi)».

Comme moyens de relations interindividuelles et collectives, les technologies de l’information, qu’elles soient nouvelles ou anciennes, ont toujours accompagné, voire galvanisé les processus de développement des sociétés. Mais l’on peut se demander si cette dynamique évolutive sociale n’entraîne pas à son tour la technologie.

BIBLIOGRAPHIE
  1. Auffray, Élodie. 2011. «Tunisie : les réseaux sociaux ont été une pièce maîtresse de cette révolution». Libération. En ligne. 17 janvier. <http://www.libération.fr/monde/01012314230-tunisie-les-reseaux-sociaux-ont-ete-une-piece-maitresse-de-cette-revolution>. Consulté le 19 mai 2011.
  2. Castells, Manuel. 2002. La galaxie Internet. Paris : Fayard, 365 p.
  3. Gaëtan Tremblay. (2008). «De Marshall McLuhan à Harold Innis ou du village global à l’empire mondial ». Revue tic&société. Vol.1, n° 1 En ligne. 27 mai 2008. <http://revues.mshparisnord.org/ticsociete/index.php?id=222>. Consulté le 15 mai 2011.
  4. Lazar, Judith. 1992. La science de la communication. Paris : Presse Universitaire de France, 125 p.
  5. Pleins feux sur l'Afrique. 2004. Centre de recherches pour le développement international (CRDI). En ligne. <http://www.idrc.ca/fr/ev-58361-201-1-DO_TOPIC.html>. Consulté le 18 mai 2011.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire