dimanche 26 juin 2011

 
«… joint par téléphone»
Dans le cadre de ce cours de «communication et changements technologiques», plusieurs collègues étudiants ont analysé les médias sociaux en tant qu’innovations technologiques par rapport à la profession journalistique[1]. Certains autres ont plutôt traité du téléphone intelligent. Pour ce dernier cas, retenons d’abord le travail de Massé (2011. En ligne) qui a pour titre : «Techno portable et avenir du journalisme». Il y exprime ses inquiétudes face à la révolution médiatique. « J’ai beaucoup de mal à voir disparaître (tranquillement, mais surement[sic]) le papier, que ce soit dans la littérature ou dans les médias traditionnels d’information. Certainement, on n’est pas à la veille de voir le livre et le journal disparaître complètement dans un autodafé global. Toutefois, comme on a dû s’adapter au DVD quand le VHS est disparu, ou au DC quand le vinyle est devenu désuet, je crois qu’il faudra changer nos habitudes pour ces nouvelles technologies.» Ensuite, Anne-Laurence (2011. En ligne) a, dans son essai, conclu par d’autres questions fort intéressantes sur l’avenir du journalisme en lien avec le téléphone : «Est-ce que le journalisme deviendra définitivement numérique? Si oui, quels outils utiliseront-ils, si la tablette ne se fait pas découvrir à son plein potentiel ? Est-ce que le téléphone intelligent restera le principal outil de reportage ? Comme le mentionnait Roulet, la tablette sauvera-t-elle le métier ainsi que la presse en entier ? Le public est-il vraiment prêt à une telle révolution ?»
Ce présent travail porte sur le téléphone, pris dans son ensemble, et la pratique du journalisme. Il ne s’agit pas de l’usage qu’en font de nos jours les millions d’utilisateurs devenus journalistes occasionnels. Nous parlons de l’utilisation du téléphone dans le journalisme professionnel. Les contours de la problématique sont inépuisables. Nous nous pencherons ainsi sur des aspects qui méritent encore une attention particulière, notamment la complémentarité du téléphone avec les autres outils de journalisme.
Complémentarité technologique
On connaît les fonctions élémentaires ou traditionnelles du téléphone :  il est conçu pour émettre et de recevoir des appels, il permet d’écrire des messages textes et de lire ceux envoyés par les interlocuteurs. Les nouvelles applications apportées par le développement de la technologie n’ont fait que bonifier ces fonctions. Seulement, l’heure est aux réseaux sociaux. Ceux-ci ont envahi la vie quotidienne de plus d’un milliard de personnes sur la planète.
Cependant, on peut affirmer sans risque de se tromper, qu’aucun média ne détient aujourd’hui le monopole de l’information ; ni la radio, ni la télévision, encore moins la presse écrite. Qu’est-ce qui explique cela ? L’information ainsi que le métier qui y était rattaché sont devenus une denrée commerciale libéralisée, voire popularisée. Dès qu’il se produit un événement, on en retrouve la nouvelle sur tous les canaux, aussi bien les traditionnels que les ultra modernes. Quand il y a eu, par exemple, le mariage princier en Grande Bretagne le 30 avril 2011, les journaux de la presse écrite l’ont relaté, les radios l’ont commenté, les télévisions du monde l’ont montré, les facebookeurs l’ont relayé, les twitteurs ont twitté, Internet s’est prêté aux publicitaires et aux  relationnistes de l’événement. Et le téléphone dans tout ça ? Qu’il soit cellulaire, mobile ou fixe, il a été présent, discret mais efficace ; il a permis aux journalistes de faire leur travail. Comme dans une symphonie musicale, chaque outil a joué sa partition. Il en est ainsi désormais dans cet univers rendu petit par les technologies de l’information et de la communication. Nous voyons ici une belle illustration du modèle orchestral que Yves Vinkin[2] a appliqué à la communication sociale. Les organes de médias eux-mêmes ne se contentent plus d’un seul canal. Que ce soit la presse écrite, la radio ou la télévision, la tendance est à la multiplicité, c'est-à-dire, avoir un site Internet, une page Facebook, un compte Twitter, etc. Elle est révolue, l’époque où les grands médias pouvaient se sentir suffisants en eux-mêmes
Journalisme via téléphone ou «phone journalism» ?
Malgré l’assaut des réseaux sociaux dans l’univers journalistique, le téléphone demeure un outil indispensable pour faire du journalisme. Il est encore un outil de première nécessité pour le journaliste.
Évidemment, le téléphone à lui seul ne peut pas produire un journal, quoique les développements technologiques actuels tendent à lui offrir cette possibilité. Il est tout aussi vrai qu’un individu pris tout seul ne constitue pas un organe de presse.
Le téléphone intervient également dans la recherche et la collecte des informations. Bien sûr là aussi, Internet et Twitter sont des sources qui coulent à flot. En effet, des quantités d’informations y sont déversées sans arrêt et les journalistes y puisent abondamment. Mais le téléphone intervient quand arrive l’heure du bouclage des articles, lorsqu’un journaliste doit recouper une information délicate ou de dernière heure. Notons que pour beaucoup de pays émergents la retransmission d’événements en direct se fait encore par téléphone.

Le téléphone, le correspondant de presse et, l’information aujourd’hui
Il s’agit ici, d’évoquer le rôle et l’utilité du téléphone chez les correspondants de presse, locaux et internationaux. On a souvent cité la radio, la télévision et Internet parmi les médias producteurs d’information. On a également vanté le rôle des réseaux sociaux dans la transmission journalistique de l’information. Mais que serait le Web dans cette production sans le téléphone ? Que deviendrait la télévision dans la diffusion des informations sans le téléphone ? Ou la radio dans les émissions, sans le téléphone ?
Quand vous mettez en marche votre poste téléviseur à l’heure du journal, vous ne pouvez écouter le menu jusqu’au bout sans qu’il ait un reportage téléphonique. «…joint par téléphone à …», ça vous dit quelque chose, cette formule ? Et que dire des événements et des moments où il est difficile de capter des images.
Le vidéo ci-dessous donne un exemple de reportage téléphonique lors de la crise en Côte d’Ivoire, d'abord entre journalistes (Vidéo 1) et entre journalistes et sources (vidéo 2).
 


Le téléphone, un outil de rendez-vous journalistiques, entre les journalistes et leurs sources, d'une part, et les journalistes et leurs agences, d'autre part. Le téléphone a toujours servi dans la salle de rédaction des organes de presse.
La tendance actuelle est que les gens se déplacent beaucoup moins sur le terrain. On fait beaucoup d’entrevue au téléphone comparativement si on remonte à une vingtaine d’années où, le journaliste se déplaçait plus souvent. Le fait d’être joignable tout le temps, et que les sources elles-mêmes ont des cellulaires fait qu’il y a une instantanéité qui permet de sauver du temps. Les sources aussi peuvent joindre constamment les journalistes quand il a une nouvelle «à vendre». Toutefois, cela n’est pas du goût de tous les journalistes. C’est une question de génération ! Certains estiment qu’ils sont prisonniers de devoir répondre, rapidement, tout le temps. Vous n'avez pas d’excuse dans la mesure où votre interlocuteur sait que vous avez un cellulaire !
Outil de terrain, très discret, quand c’est le cellulaire, le téléphone conserve un caractère plus relationnel ou disons, plus communicationnel en ce sens qu’elle permet à l’auditoire d’entendre la voix de celui qui parle, et à travers cette voix, reconnaître un visage, deviner un état d’âme.
Valérie Gaudreau, journaliste au quotidien LeSoleil témoignage : «C’est très utile, j’ai un téléphone intelligent. On est constamment joignable, disponible. Les avantages sont nombreux de part et d’autre : les gens qui travaillent à la mise en page arrivent à nous joindre facilement pour demander des modifications aux textes ou d’autres choses. Ça facilite le travail réduit la marge d’erreur. Il y a quelques les années de cela, si un journaliste étaient parti à un spectacle et qu’il rentrait chez lui à minuit, on ne pouvait plus le joindre. Des erreurs pouvaient demeurer à cause de cela. Maintenant, ce n’est plus un problème ; on le joint tout le temps. Un autre cas qui montre que le téléphone est un outil de presse essentiel : je peux être en pleine conférence de presse avec une personnalité et un collègue m’envoie un sms ou m’appelle pour demander de questionner le conférencier sur un point particulier. Quelques fois je suis en circulation et le patron m’envoie un communiqué de presse sur mon téléphone. Alors qu’avant, il y a quelques années à peine, même si Internet existait, il fallait d’abord arriver au bureau, allumer son ordinateur et brancher la connexion Internet pour pouvoir accéder à son courriel. Maintenant les courriels sont sur le téléphone.»
Un média audio à la fois au service de la radio et de la télévision. La voix narrative ou explicative d’un envoyé spécial est plus rassurante. C’est une voix de témoin, puisque celui qui parle au téléphone est présent sur les lieux ou plus proche. Pensons à Radio Canada qui chaque matin, grâce aux appels téléphoniques du journaliste Marc André, nous livre un panorama de la circulation routière. Ce qui n’est pas faisable avec les autres outils de communication. Les nouvelles, on peut les lire sur le Net et les réseaux sociaux, toutefois, elles demeurent anonymes ; elles sont dépersonnalisées.
Le téléphone a aussi sa place et son rôle dans les émissions radio en direct. C’est un moyen pour les auditeurs d’interagir avec les animateurs. On rétorquera certes, qu’Internet aussi permet cette interaction. Mais tout le monde n’a pas accès à la diffusion continue sur Internet.
Réseaux sociaux, oui, mais…
L’expérience de Valérie Gaudreau, citée plus haut, lui permet de dire que «pour l’instant les réseaux sociaux en termes de transmission d’informations sont encore marginaux». Pour elle, le téléphone demeure encore l’outil N°1 ; car, affirme-t-elle, «pour une recherche ou pour des enquêtes, si on envoie un courriel à 11h le matin et qu’on ne tente pas une relance par téléphone, on peut être surpris, au moment venu, de ne pas recevoir de réponse».
Idéalement, pour réaliser une interview, le journaliste procède par courriel pour sonder le terrain, faire une première approche. Après le téléphone prend le relais.
Twitter est utile mais pour ce qui est de prendre contact avec les gens, les rencontres personnelles sont idéalement souhaitées ou à défaut, le téléphone. Les avantages de Twitter sont sans doute énormes, comme l’explique Stéphanie Alcaraz Robinson (2011) : «La facilité de publication, l'accessibilité presqu'instantanée[sic], la gratuité de l'accès à l'information [qui] le rend très alléchant pour tous les utilisateurs, en passant du simple citoyen, à l'entreprise millionnaire ou au politicien cherchant des appuis.» Cependant le téléphone reste toujours d’actualité. Par ailleurs il peut y avoir des conflits professionnels entre les journalistes et leurs organes de tutelle, du fait que les premiers ont des pages personnelles sur lesquelles ils diffusent des nouvelles. C’est pour éviter tout désagrément que, par exemple les responsables du quotidien LeSoleil ont fait la recommandation suivante : «À moins d’une entente préalable avec un supérieur, les journalistes devraient tendre à rédiger un ‘’breaking news’’ pour notre site Internet avant de diffuser une nouvelle importante dans leur champ de compétence sur Twitter ou Facebook.[3]»

Faudra-t-il alors que les journalistes deviennent des «touche-à-tout» ? C’est notamment la position de Prévost, 2011) pour qui «les journalistes semblent condamnés à devenir non seulement des adeptes du multitâche, mais également des professionnels des médias sociaux. Gestion de communauté, tri des commentaires, ajout de contenu destiné exclusivement au web : le tout donne l’impression que le temps alloué à la recherche d’informations, à la vérification et à la production même de contenu journalistique est en train de disparaître. » (Voir l'image ci-dessus)

Certes, la prolifération des outils d’information et de communication peut donner lieu à beaucoup de supputations. De même qu’on a pensé à la fin du journal format papier, on présage aussi la fin d’une forme de journalisme. Mais nul ne peut prédire de si tôt une telle fin. C’est vrai que la panoplie de technologies oblige le journalisme actuel à se renouveler pour ne pas disparaître. Mais aucune des tentatives d’adaptation n’a réussi à écarter totalement le téléphone ; mieux, celui-ci s’insère harmonieusement dans le concert des médias.


Notes :
[1] Voir notamment les blogues de Gabrielle Gagnon et de Anne-Laurence Jean.
[2] Selon Yves Vinkin (2005 : 95), «la communication sociale se laisse se laisse appréhender par l’image de l’orchestre. Les membres d’une culture participent à la communication comme les musiciens participent à l’orchestre. Mais il n’y a pas de chef et pas de partition : ils se guident mutuellement les uns les autres».
[3] Il s’agit d’une politique interne du journal Le Soleil, division de GESCA Limitié. Sur cette question, vous trouverez un commentaire de Patrick Lagacé sur son blogue : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/2010/10/05/le-journaliste-de-la-presse-et-les-medias-sociaux/

Bibliographie
Gagnon Gabrielle. 2011 «L'influence de Twitter sur le journalisme». En ligne. < http://gabrielle-gagnon.blogspot.com/>.consulté le20 juin 2011.

Jean, Anne Laurence. 2011. «Tablette numérique et journalisme». Mise à jour le 16 juin 2011. <http://anne-laurencej.blogspot.com/> Consulté le 20 juin 2011.

Stéphanie Alcaraz Robinson. «Mini essai 1». En ligne le 5 juin 2011 <http://stephulaval.blogspot.com/2011/06/mini-essai-1.html>. Consulté le 20 juin 2011.

Vinkin, Yves (2005). «Vers une anthropologie de la communication». In Cabin, Philippe et Jean-François Dortier. La communication : état des savoirs. Auxerre Cedex : Sciences Humaines, pp. 95-102
 
Le déterminisme technologique. Existe-il ? Rend-t-il caduque toute tentative d'y échapper  ? Y a-t-il une limite acceptable ?

À la fin d’un parcours sur la communication et les changements technologiques, nous revenons au questionnement de départ : sommes-nous déterminés par nos technologies ?
Pour y résoudre cette équation du déterminisme, il convient de répondre d’abord à cette autre question : la technologie est-elle une contingence ou une nécessité ? Commençons par nous rappeler que c’est le besoin qui crée les moyens et la technique. Prenons un exemple : dans le domaine des transports, quand l’homme a eu besoin de se déplacer plus vite ou sans trop de fatigue, il s’est d’abord attaché les services de certains animaux tels que le cheval, le dromadaire, l’éléphant. Puis, le besoin de vitesse augmentant, il a utilisé le métal pour passer aux montures à roues et à moteurs (bicyclette, motocyclette, automobile, train et avion). Il en est de même dans le domaine de la communication. Les technologies ont évolué à mesure que les aspirations humaines devenaient plus exigeantes.

À défaut de dompter les espèces aviaires comme moyens de transport, et non content de ses avions supersoniques, l'homme rêve de voler lui-même dans les airs.(Voir vidéo et photo ci-dessous )


L'homme volant
En matière de changements technologiques, nous pouvons d’ailleurs constater, avec Pascal Lapointe(en ligne) qu’ «Internet a cessé d'être un objet de curiosité, pour devenir un couteau suisse : instrument de communication pour les uns, bibliothèque pour les autres, multi-journal planétaire, champ d'expérimentation pour des technologies futuristes, centre des congrès, école virtuelle, agence de rencontre... Sans compter tout ce qui n'est pas encore, mais qui pourrait être»
De fait l’une des aspirations qui hante l’homme du 21e siècle c’est de défier le temps et l’espace. Il rêve d’une présence ubiquitaire et les technologies de communication la lui rendent bien : être présent partout à la fois mais aussi, être permanemment, instantanément présent, comme un flux universel. Voilà le grand défi !
La technologie n'est rien, c'est l'usage que chacun en fait qui est déterminant. «Il n’y a pas de déterminisme technologique. Ce ne sont pas les techniques qui transforment à elles seules les sociétés», selon (Flichy. 1998 : p. 164). Car, il y a un paramètre capital qui s’appelle «liberté» et qui intervient dans ce déterminisme. Est-ce contradictoire ?
Ceci nous permet de dire un mot sur la question du modèle 13 : «Au nom de la liberté, doit-on tout permettre sur l'Internet? Quelles sont les limites acceptables ? Comment établir des limites qui aillent au-delà d'une morale trop ancrée dans une époque particulière?»
La notion d’information, et de communication se joue donc sur cette parcelle de liberté. La Fédération des journalistes professionnels de Québec (FJPQ), en définissant le métier de journaliste, laisse voir que ce métier est pris dans son propre piège : « Ni le titre de journaliste, ni l'acte journalistique ne sont réservés à un groupe particulier de personnes. Le milieu journalistique est un milieu ouvert et les journalistes le veulent ainsi.» Avec de telles perspectives, il n’est pas étonnant que les professionnels de l’information se fassent «confisquer» leur métier par n’importe quel amateur. Là où il n'y a pas de liberté, il n'y a pas de progrès ; mais là où la liberté n'est pas ''domptée'', c'est la destruction du progrès. «Science sans conscience n'est que ruine de l'âme», dixit Rabelais.

dimanche 12 juin 2011

«Produisons journalisme, consommons journalisme !»

Avez-vous souvenir d'un événement où les citoyens sont devenus journalistes? Ou encore, vous êtes-vous déjà dit (en parodiant Renaud) « Putain, où c'est que j'ai mis mon cellulaire? » ratant ainsi une photo qui vous aurait valu une publication dans un journal, qui sait qui aurait pu faire le tour de la Terre?

Pour ma part, elles sont nombreuses les occasions qui me sont passées sous le nez, où je me suis senti pris au dépourvu.
J’aurai aimé avoir un appareil photo pour immortaliser un fait insolite et dont les images me reviennent encore à l’esprit. Tenez ! Avez-vous déjà vu un chat  téter les mamelles d’une chienne ? Je parie que vous n’êtes pas nombreux à avoir ce privilège, car ça en est un. Ce jour-là un mythe s’est brisé à mes yeux : je me suis mis à l’évidence que l’expression «être comme chien et chat» n’était plus synonyme de rivalité ni d’inimitié, mais plutôt de solidarité, et de convivialité.
Hors-mis ces faits insolites, plusieurs autres fois, il m’est arrivé de regretter de n’avoir pas un appareil pour enregistrer un discours, une conversation, de n’avoir pas pris un calepin ou même un simple stylo pour noter des paroles qui pourraient servir de fait divers. Ailleurs encore, un téléphone portable m’aurait permis d’appeler un journaliste qui pourrait être intéressé par un événement auquel je prenais part. Mais, de téléphone, il n’y en avait point. À l’époque, c’est dans les années 1990, des occasions de contribuer à un journal m’ont échappé, à défaut d’avoir été moi-même journaliste citoyen.
En fait les technologies de l’information et de la communication étaient peu disponibles. Tandis qu’aujourd’hui les moyens et techniques pour immortaliser des souvenirs inondent le marché : caméras, cellulaires, UBS-recorders, etc., qui permettent d’alimenter les réseaux sociaux en information, en images et en son. Cela a donné naissance au journalisme dit «amateur[1]». Les catastrophes naturelles et les révolutions sociales sont des occasions fréquentes où n'importe qui peut réaliser des scoops. Ces pratiques profitent d’ailleurs aux professionnels de l’information. Certains journalistes présentateurs à la télévision n’hésitent pas à inclure des vidéos amateurs dans leur journal – et ils le disent bien. En effet, si autrefois, l'information était une chasse gardée des professionnels que sont les journalistes, aujourd'hui, le public dispose davantage d'outils pour jouer le rôle de journaliste ou de relayeur. Mais, sur cette question, les avis sont tout de même partagés.
Tandis que certains auteurs critiquent sévèrement le journalisme citoyen, taxé d’anarchisme, d’autres, comme Michel Dumais (2003. En ligne) l’encensent : «Ce journalisme citoyen, de nature fondamentalement engagé, peut servir de contrepoids aux dérives qui, quelquefois, affligent l'industrie des communications.»
Entre les deux positions, Peter Dahlgren invite au discernement. En effet, selon ce chercheur suédois, «dans le cyberespace, les frontières entourant ce qui mérite l’étiquette de journalisme sont rendues de plus en plus floues par l’abondance d’informations facilement accessibles et néanmoins pertinentes qui sont offertes» (1999 : 78). Quelles qu’en soient les tendances, pro ou anti journalisme amateur, l’étape à laquelle nous ont propulsés les technologies de l’information suscite beaucoup d’interrogations dont celles-ci : ne sommes-nous pas à l’ère d'une «autosuffisance journalistique» où tout le monde produit et consomme du journalisme ? Ou alors faut-il croire, avec Zizi Papacharissi et n’en déplaise à McLuhan, que désormais à ce rythme «the cityzen is the message»[2] ? Enfin, s'il est traditionnellement reconnu aux médias un pouvoir de fixer un ordre du jour, l'«agenda setting» à l'opinion publique, il faut aussi reconnaître que le citoyen moderne, celui du «village planétaire», ne voudra plus rester à l'ombre de cet agenda. Il tient à y participer.

Il semble que la supposée inimitié entre le chien et le chat relève d'une croyance populaire moyenâgeuse. Pourtant bien de scènes montrent une cohabitation difficile entre ces deux espèces domestiques. (Voir vidéo ci-dessous)



Notes :
[1] Il existe une kyrielle de sites Web voués à ce genre de métier. Vous pouvez consulter notamment : AgoraVox, le média citoyen. URL <http://www.agoravox.fr/>
[2] Titre du chapitre 2 de son ouvrage en 2009. Journalism and citizenship : new agendas in communication. New York : Routledge, 213 p.

Bibliographie
Dahlgren, Peter. 2003. Cyberespace et logique médiatique : repositionner le journalisme et le public. In Vers une citoyenneté simulée : médias, réseaux et mondialisation. (Sous la direction de Serge Proulx. André Vitalis). Rennes : Editions Apogée, 268 p.
Dumais, Michel.2003. «Technologie : À propos du journalisme citoyen». Le Devoir. En ligne. <http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/33661/technologie-a-propos-du-journalisme-citoyen>. Consulté le 9 juin 2011.
 

dimanche 5 juin 2011

Wikipédia

Avez-vous déjà contribué à Wikipédia ? Vous arrive-t-il de vous fier seulement à Wikipédia ? Ce module remet-il en question votre confiance envers Wikipédia ? 

J’ai toujours nourri le désir de contribuer un jour à Wikipédia par une quelconque publication, mais les intentions sont restées à mi-chemin. J’espère y arriver ! Car c’est une joie et une fierté de partager ses connaissances afin que d’autres puissent en bénéficier. La révolution informatique et le développement mondial d'Internet ne cessent d’apporter un changement dans le processus d’acquisition des connaissances. On assiste, par exemple, comme constate Bernard Poulet (2009 : 118), à «la désertion des lieux traditionnels d’apprentissage» (universités, bibliothèques, salles de cours), au profit d’Internet. Mais les différents outils de connaissance mis sur la Toile n’ont pas la même audience. Accessibilité et interactivité sont, entre autres, des aspects que l’on peut reconnaître à Wikipédia.
L’accessibilité : en raison de son caractère gratuit, Wikipédia a l’avantage de rendre plus accessible le savoir. Pour ceux qui ne sont pas nantis pour se payer des consultations bibliographiques en ligne, Wikipédia constitue une source gratuite «à portée de doigt». Cette gratuité de Wikipédia vient déverrouiller un système un savoir jadis entenaillé par les griffes d’une économie mercantile. En effet, on constate que beaucoup de publications se font plus par esprit de gain que par souci de divulguer ou de partager un savoir.
L’interactivité : Wikipédia que je compare à un aréopage du savoir, offre à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas éditer leur savoir, la possibilité de publier leurs idées, convictions et argumentations. À défaut des grandes publications ou d’une collaboration dans des équipes d’érudits, de toutes petites contributions, même dans l’anonymat permettent à leurs auteurs d’exister. À ce niveau, on peut souligner également que Wikipédia brise le cercle d’un «académisme» réservé à une élite savante, car chacun peut y apporter sa contribution. C’est un savoir à ciel ouvert qui reflète mieux les ambitions démocratiques que l’on reconnaît aux médias ou que l’on attend d’eux. Et qui dit démocratie, dit participation populaire, bien sûr avec ses avatars.
Cependant, Wikipédia, cette « vaste communauté d'encyclopédistes autodéclarés [sic.]» (Rey 2008) n’est pas exempte de toute critique sur bien des aspects comme l’objectivité, l’exhaustivité et la normalité. À cela s’ajoute la question des droits d’auteur et les sources sont souvent mal citées ou inexistantes. Rey le critique quand il dit : «Dans encyclopédie, le ''cycle'', le cercle est devenu sans limite, son centre étant partout et sa circonférence nulle part, et la ''pédagogie'' que suscite paideia relève du self-service le plus hâtif.».
Avec l’avènement du Web 2.0, on a vu l’émergence d’une forme de journalisme dit «citoyen» au grand dam des professionnels de l’information. Sur la même toile, peut-être assistons-nous à une forme d’«académisme citoyen» !
Ce module n’altère pas ma confiance envers Wikipédia. Mais sachant désormais que cet outil demeure perfectible, il me revient, ainsi qu’à tout utilisateur, d’être plus attentif et d’avoir un regard plus critique chaque fois que je cliquerai sur un mot dans Wikipédia.


Bibliographie
Poulet, Bernard. 2009. La fin des journaux et l’avenir de l’information, Paris : Gallimard, 217 p.
Rey, Alain. 2008. «Encyclopédie». In Encyclopaedia Universalis. En ligne. <http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/encyclopedie/#11/>. Consulté le 31 mai 2011.

WebTV et relations publiques

Analyse d’une innovation technologique du point de vue d’un professionnel des relations publiques : La Web TV

L’une des définitions que l’on donne aux relations publiques, c’est qu’elles consistent en «la gestion des relations entre une organisation et ses divers publics par l’entremise de la communication, afin d’atteindre une compréhension mutuelle, de réaliser les objectifs organisationnels et de servir l’intérêt public» (SCRQ. 2011). Comme on le constate, la communication, sous toutes ses formes, est un principe fondamental en relations publiques. Pour le relationniste, la WebTV ou Webtélé s’inscrit dans les stratégies de relations avec les médias. Mais quelle place occupe-t-elle au sein des autres médias ? Quelle importance par rapport à la télévision traditionnelle ? C’est sur ces questions que porte notre analyse.

Les relations publiques utilisent plusieurs modes de communications : la communication orale (discours, interviews), la communication écrite (communiqués, journaux), la communication audiovisuelle (radio, télévision), la communication audio scriptovisuelle (Internet, multimédia).
Les relations publiques sont basées sur les relations de presse qui permettent aux professionnels de relayer auprès de l’opinion publique ou d'un public cible leurs opérations.
Relations publiques et Webtélé. La Webtélé ou encore, télévision sur internet, est l’une des innovations technologiques apparues seulement il y a quelques décennies avec l’avènement du Web 2.0. Elle permet de regarder la télévision via Internet. Elle peut servir comme un outil d’information, mais aussi comme outil de promotion. C’est dans ce sens qu’elle intéresse le relationniste à plusieurs égards. Grâce au système de «Video on demand» (VoD) vidéo à la demande, les internautes peuvent télécharger des événements filmés et mis en ligne. Les relations publiques ont de tout temps été présentes les médias, comme l'indique ce conseil de professionnels :
«A message-bearing video can be used in several ways. Special video or newsletters might be shown on monitors in employee cafeteria and break rooms. Or, though this is more expensive, a video containing a particularly important message might be mailed to employees' homes or individually distributed at work. New video production technology makes downloading video onto websites fairly easy.» (Guth, David. W., Marsh, Charles. 2000 :.278).
D’abord une question de mode ? L’histoire des relations publiques montre que celles-ci ont évolué sur le plan de leur conceptualisation, mais surtout sur le plan des moyens utilisés par les professionnels. Entre le 19e siècle et le 21e siècle, les technologies de communication ont évolué également.
Les relations de presse ont été présentes dans la radio, la télévision, la presse écrite. Chacun de ces canaux audio, audiovisuel et scriptovisuel exerce une influence particulière sur des publics cibles bien déterminés. De nos jours, avec les TIC, il est possible de faire autrement, et même plus, grâce au numérique. Télévision et Internet ont convergé pour donner naissance à la WebTV.
En tant que canal audiovisuel, la WebTV s’inscrit dans une logique télévisuelle, mais a l’avantage de réussir à intégrer à la fois la technologie traditionnelle et la technologie moderne. Ce qui est reconnu à la télévision traditionnelle se rapporte en conséquence à la WebTV. Comme «nouvelle technologie», la WebTV n’exercerait-elle la même fascination que la télévision traditionnelle qui l’a devancée il y a un peu plus d’un demi-siècle ?
Si, jadis il fallait rejoindre le public là où il se trouve, aujourd'hui, par la WebTV, le relationniste rejoint le public à travers les moyens propres à ce public. Mais où se trouve le public, pour un relationniste ? Nous reviendrons sur cette question plus loin.
En somme, disons qu’à chaque public donné, doit correspondre un média. En relations publiques, on distingue plusieurs types de publics reconnus sous diverses dénominations : il y a, par exemple un public dit interne, externe, local, régional ou international ; un public primaire, secondaire ou marginal ; un public de sympathisants ou d'opposants, etc. Quelle est l'importance d’une Web télédiffusion pour chaque groupe ? En ce qui concerne le public interne, c’est-à-dire les employés et responsables d’une entreprise, l’usage d’une WebTV permet aux uns de voir en image les réalisations, les avancées faites par l’entreprise. Elle permet aux autres d’être en contact virtuel avec l’ensemble des acteurs. Les employés, en l’occurrence, lorsqu’ils sont en activité, n’ont pas le temps ni le loisir de suivre ce que les autres font dans un secteur différent des leurs, alors qu’ils ont besoin d’être mis au courant des événements qui se déroulent à l’interne comme à l’externe touchant leur entreprise. Healt et Coombs (2006 : 326) l’affirment à travers ces lignes :
«The web allows for sound clips. The web allows for a virtual reality. You can install a camera in the boardroom of your activist organization and allow user to hear annual discussion of activist priorities. You can place a camera at the construction site and allow employee to see the progress. You can have a camera at various global locations in your multinational corporation and have people in those countries tell about themselves and their customs».
Quant aux publics externes, comme l’ont dit Healt et Coombs, la WebTV constitue un excellent canal de communication qui leur permet, d’une part, d’être informés à tout moment et d’autre part de suivre pas à pas la situation d’une organisation. Dans ce cas, l’avantage de la télédiffusion pour une entreprise, c’est de pouvoir mieux contrôler son image, puisque la production est faite à l’interne. Elle échappe ainsi au contrôle des journalistes. Elle supplée à la formule courante qui consistait à remettre aux gens des médias des contenus audiovisuels sur des supports CD, DVD.
La WebTV, un outil indispensable. Plus qu’une question de mode, la télévision sur Internet est une nécessité et un passage obligé pour tout relationniste qui entend promouvoir l’image d’une organisation, d’une personnalité ou tout simplement promouvoir une cause. Nouvelle technologie de communication, elle répond aux aspirations et usages de la nouvelle génération. Il est vrai qu’en relations publiques il faut faire un choix judicieux du «bon média» par rapport à son public, mais de nos jours il y a des outils qui sont incontournables. Il est d’ailleurs impressionnant de constater comment le règne des ordinateurs s’établit progressivement dans le quotidien des gens. Il n’y a pas de doute, l’ordinateur est en train de faire la concurrence aux postes de télévision dans les salons, à cause des potentialités qu’il offre. Et il faudra en tenir compte dans les stratégies de communication en relations publiques.
Pour Pierre Bellanger (2003 : 29), «La première raison d’achat d’un micro-ordinateur est aujourd’hui l’accès à l’Internet. Le PC n’est plus une machine à calculer, mais une machine à communiquer. C’est le PC qui est notre premier investissement de télécommunications et celui qui capitalise le plus de notre temps et de notre apprentissage. C’est lui le dépositaire de notre travail numérique et de nos échanges sur le réseau. En 2002, 70 % des foyers américains possèdent un PC et 37 % des foyers français.»
Quelques statistiques en ce qui concerne le Canada dans la même période (voir aussi fig. 1). L’utilisation de l’ordinateur a augmenté de façon constante, passant de 16,3 % des ménages en 1990, aux deux tiers (66,8 %) en 2003. Le taux de pénétration d’Internet au Canada en 2003 atteignait 55 % (Veenhof, Ben, Yvan Clermont et George Sciadas. 2003).

Fig.1 Accès à l’ordinateur et à Internet, Canada, provinces et territoires, 2003.


Quelques avantages de la WebTV pour les relations publiques.
Du point de vue du personnel. Si la télévision traditionnelle mobilise de grands moyens financiers, matériels et humains, la WebTV, elle, se distingue par sa simplicité logistique. En effet, la gestion d’une WebTV ne demande pas une panoplie de réalisateurs, producteurs, prompteurs, etc. Selon leur taille, certaines organisations n’ont besoin que d’un webmestre, et d’un caméraman pour produire une capsule et la diffuser. D’autres en prendront peut-être davantage, mais toujours en deçà de ce que coûterait une production ordinaire d’émissions sur une chaîne traditionnelle.
Une accessibilité facile et permanente. Pour accéder à la WebTV il faut seulement une connexion Internet et un ordinateur muni de logiciels de lecture comme Adobe Flash-Player, Real-Player, QuickTime, Media Player, Linux MCE. Ces dispositifs permettent à l'utilisateur de télécharger et de gérer les vidéos à sa guise. Sur Internet, des émissions télévisuelles peuvent être diffusées du début à la fin sans interruption, tandis que les chaînes traditionnelles ont des contraintes éditoriales et de temps. Dans le même sens, tandis que le téléspectateur était obligé d’être devant son poste à une heure précise parce que l’émission qu’il attendait ne passait qu’à ce moment précis, l’internaute, quant à lui, n’est plus tenu de régler son chrono sur celui de son ordinateur.
Une technologie moins coûteuse. En matière de coût, la diffusion est gratuite sur Internet, pourvu que l’on dispose d’un site Web ; ce qui n’est pas le cas pour les canaux traditionnels où il faut payer proportionnellement à la durée et au nombre de publications.
ECDQ.tv, un exemple de WebTV au service des relations publiques
ECDQ.tv est un nouvel outil de communication pastorale propre à l’Église catholique de Québec. Il s’agit d’un portail média conçu et lancé en 2008, alimenté par une équipe de cinq personnes dont trois permanents. Son lien est : < http://www.ecdq.tv/fr/>.

Ce nouveau portail internet permet de retransmettre en direct ou en différé des émissions télé sur divers événements d’Église tels que les reportages, les conférences de presse, les documentaires, les témoignages. Il diffuse en outre certains événements au plan local et régional : «Montée-ado», «Montée-jeunesse», «Journées mondiales de la jeunesse».
Le vidéo ci-dessous est un exemple d'événement média qui a été web-diffusé en direct il y a plus de deux mois et qu'on peut encore retrouver sur le site ECDQ.tv
 
 

L’une des étapes caractéristiques d’une activité de relation de presse, c’est l’évaluation[1]. Sur la WebTV, le relationniste dispose de mesures d’évaluation plus performantes, directes et simultanées. Avec la WebTV, il n’est plus question de procéder par des sondages non seulement fastidieux, mais surtout coûteux. Il est plus facile d’évaluer sa campagne de communication Webtélé en consultant les statistiques des visites sur le site pour voir le nombre de visiteurs.
On peut y suivre les diffusions par heure, par jour, par mois (fig. 4), pour chaque vidéo, ou encore avec des critères comme le pays d’origine du visiteur (fig. 2), son adresse, le nombre de fichiers regardés. Par ailleurs, on le sait, les relationnistes sont avides de feedback, car ils doivent constamment ajuster leurs messages pour susciter au mieux la sympathie des gens. Cet ajustement est possible grâce aux messages qu’ils reçoivent en retour de la part des téléspectateurs via Internet.

Fig. 2: Exemple de statistique des visites par pays sur un site.
Fig. 3 : Taux de présence par pays sur le site
     
Fig. 4 : Répartition du flux des visites d'un site sur un mois.


Un autre élément qui mérite d’être pris en compte en ce qui concerne la Web télédiffusion, c’est la convivialité avec l’ordinateur ; l’exemple du portail ECDQ.tv est bien illustratif. 91.2 % des personnes interrogées le suivent individuellement, contre 8.8 % qui le regardent en groupe familial, ou communautaire[2]. Comme en témoignent ces chiffres, il est plus aisé de se retrouver avec son ordinateur que d’être devant son poste téléviseur, parce que l’ordinateur offre un espace de proximité, voire de connivence.
Fig. 5 : Convivialité et connivence avec le PC
Le sentiment de convivialité est davantage accru quand il s’agit d’un ordinateur portable (fig. 5). Plus proche, plus confortable ; c’est le «brain off», selon les mots de Pierre Bellanger (2003) qui explique par ailleurs que «le fait d’avoir constamment la main sur une souris, d’être en position permanente de cliqueur, donne à l’internaute une posture particulière qui le met beaucoup plus près du joueur [lors d’un match] que du téléspectateur[3]». Or il se trouve que les communications de relations publiques visent justement cette forme de mise en confiance du public cible. Par la diffusion d'images, d'actions et d'événements de son organisme sur le Net, le relationniste cherche à créer ou à maintenir une adhésion des «Web téléspectateurs» aux valeurs et aux objectifs de son organisme.

Si Internet est considéré comme un excellent cadre interactif, alors la télévision sur Internet serait un lieu idéal pour une communication mutuelle où l’internaute peut ajouter ses commentaires. À l’instar des pages Web qu’il faut continuellement mettre à jour, le contenu de la WebTV ne doit pas être statique. Tout comme une émission de télévision peut devenir ennuyeuse à force d’être revue, la diffusion continuelle sur le net pourrait dérouter les «Web téléspectateurs» ; d’où l’exigence d’une veille permanente sur la Toile pour renouveler les vidéos.
De la télévision traditionnelle qui est un média de masse, statique, à la WebTV, média individuel et interactif, Victor Sandoval (1995 : 103) nous livre un point de vue pertinent :

«L’humanité apprend à mieux se connaître elle-même grâce à des médias comme la télévision, mais plutôt que de participer à cette connaissance de manière active, elle la subit en recevant un déluge d’images qu’elle ne sait pas contrôler, discuter, contester ou analyser de prime abord. Avec l’interactivité il se pourrait que la télévision subisse un changement radical : au lieu de se contenter de recevoir, de capter les images (d’autres continents, pays et capitales), on pourrait aussi en envoyer et participer, un peu à la manière des radios-amateurs. De miroir, la télévision pourrait alors devenir un outil précieux de convivialité, de communication, d’ententes, d’échanges, en un mot, d’humanité.»


 Notes :
[1] Selon la méthode classique appelée RACE : Recherche, Action, Communication, Évaluation.
[2] Sondage réalisé le 18 mai 2011 par l’équipe ECDQ.tv
[3] Entretien recueilli par Dominique Roux. 2006. TV et Vidéo sur Internet. Paris : Economica, p.77 
 
Bibliographie
 

 Bellanger, Pierre. 2003. La convergence, c’est Le code. En ligne le 20 janvier 2003 <http://www.skyrock.fm/bellanger>. consulté le 3 juin 2011.

 Dominique Roux.2006. TV et Vidéo sur Internet. Paris : Economica, 152 p.


Guth, David W., Charles Marsh. 2000. «Communication : the tactics of Public Relations». In Public relations : a values-driven approach. Boston-Montréal : Pearson-Allyn and Bakon, pp. 268-300.


Robert L. Heath, W. Timothy Coombs. 2006. Today's public relations : an introduction. Thousand Oaks, Calif. : SAGE Publications, 539 p.


Sandoval, Vitor. 1995. La télévision interactive. Paris : Hermes. 108 p.


Société canadienne des relations publiques (SCRP). En ligne le 14 septembre 2009. <http://scrp.ca/uploads/Definitiondesrelationspubliques.pdf>. Consulté le 25 mai 2011.


Veenhof, Ben. Yvan Clermont et George Sciadas. «Littératie et technologies numériques : liens et résultats». En ligne le 31 août 2009 <http://www.statcan.gc.ca/pub/56f0004m/2005012/ch2-fra.htm>. Consulté le 3 juin 2011.